Entretien avec Louis de Sabran-Pontevès, propriétaire du château de Cazeneuve (Gironde)

Les propriétaires du château royal de Cazeneuve (Gironde), Louis et Caroline de Sabran-Pontevès, se sont lancés dans un projet architectural monumental et unique en France : reconstruire une ancienne tour du château, effondrée au XVIIIème siècle, pour installer un ascenseur permettant aux personnes à mobilité réduite d’accéder au premier étage du château ainsi qu’aux deux chemins de ronde.

Les travaux, terminés depuis juin 2022, ont bénéficié à deux reprises du soutien de la Fondation Mérimée, en 2019 et 2020. Nous donnons aujourd’hui la parole à Louis de Sabran-Pontevès.

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Fondation Mérimée (F.M.) : L’ouverture du château de Cazeneuve au plus grand nombre est au centre de vos préoccupations. Pouvez-vous nous parler de ce qui vous a conduit vers ce grand projet de mise en accessibilité ?

Louis de Sabran-Pontevès (L.S.-P.) :  Mon père a toujours eu à cœur de rendre le château de Cazeneuve accessible à tous. C’est lui qui, dès les années 2000, a exprimé l’idée de reconstruire cette tour, qui était effondrée depuis trois siècles, avec comme objectif de donner accès aux personnes à mobilité réduite à l’étage du château et aux chemins de ronde. À l’époque, la visite du château restait incomplète pour de nombreux visiteurs, que ce soit pour les personnes en fauteuil roulant, les personnes âgées ayant des difficultés à se déplacer ou encore les familles avec poussette. Quand mon père est décédé, en 2014, et que nous avons repris le monument avec mon épouse, nous avons décidé de nous y atteler en sachant que cela serait compliqué.

« La visite du château restait incomplète pour de nombreux visiteurs, que ce soit pour les personnes en fauteuil roulant, les personnes âgées ayant des difficultés à se déplacer ou encore les familles avec poussette. »

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F.M.  : Quel a été le cheminement autour du projet architectural ?

L.S.-P. : Ma première idée était de restituer l’ancienne tour à l’identique, à partir des archives dont nous disposions. Quand cette question a été évoquée avec les services de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) Nouvelle-Aquitaine, une autre vision est ressortie de nos échanges : privilégier une architecture moderne, distincte du château, pour que les visiteurs puissent se rendre compte d’emblée que la nouvelle tour est une construction contemporaine. La DRAC pensait au départ à un projet architectural alliant le verre, le bois et le béton, or nous souhaitions de la pierre pour que la tour s’intègre en parfaite harmonie avec le reste du château. Notre architecte, Philippe Leblanc, a trouvé un compromis en proposant un projet qui fait la part belle à la pierre traditionnelle, tout en ajoutant quelques éléments modernes, comme le toit plat et les huisseries en métal.

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F.M.  : Comment les visiteurs perçoivent-ils la nouvelle tour du château de Cazeneuve ?

L.S.-P. : La tour attise la curiosité des visiteurs, qui posent beaucoup de questions. Quand on explique la finalité du projet, avec ses dimensions humaine et sociale, tous sont unanimes pour dire que l’opération est utile et judicieuse. Les retombées dans la presse ont aussi été excellentes. Le caractère innovant et précurseur du projet est souvent mis en avant car, dans les monuments et, de manière générale, dans l’espace public, l’accessibilité est un sujet souvent relégué au second plan. À ce titre, nous sommes très reconnaissants envers la Fondation Mérimée qui accorde une place importante à cette question et j’encourage tous les propriétaires à s’engager dans cette voie.

« L’accessibilité est un sujet souvent relégué au second plan.
Nous sommes très reconnaissants envers la Fondation Mérimée qui accorde une place importante à cette question. »

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→  Retrouvez un article sur le château de Cazeneuve dans le prochain numéro de la revue Demeure Historique (numéro 228 de mars 2023). Le magazine sera en vente courant mars : www.demeure-historique.org/la-revue

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Prix Accessibilité

Ce prix de la Fondation Mérimée a vocation à encourager tout type d’actions destiné à favoriser l’accueil du public, notamment des personnes en situation de handicap, au sein d’un monument jardin historique.

Exemples d’actions : ascenseur, sanitaire aux normes pour les personnes à mobilité réduite, signalétique en braille, audioguides, maquette, boucle d’induction magnétique, rampe, aménagement de places de parking, etc.


Procédure de candidature

Un dossier de candidature doit être envoyé au plus tard le 15 mars 2023 à minuit. Informations et dossier de candidature à retrouver ici : www.fondationmh.fr/prix-2023-premiere-session

Lancement du Grand Prix Artémis Domaines de la restauration

Le 30 septembre 2022, les familles Henriot et Pinault ont décidé de rapprocher leurs activités viticoles en fusionnant leurs groupes. Les deux familles, partageant une même vision élevée du patrimoine français et un engagement fort en faveur de sa sauvegarde, ont souhaité donner au prix le nom de leurs activités réunies.

Le Grand Prix Henriot de la restauration devient donc, en 2023, le Grand Prix Artémis Domaines de la restauration.

Gilles de Larouzière, Président du Conseil de Surveillance d’Artémis Domaines, résume ainsi la poursuite par le nouveau groupe de l’engagement historique de sa famille auprès de la Fondation Mérimée :


Gilles de Larouzière

« Artémis Domaines réunit une rare collection de domaines précieux, établis sur les plus beaux terroirs viticoles de France. Ensemble, ces domaines constituent un véritable trésor national. En confirmant cet engagement en faveur du patrimoine historique français, nous exprimons ce que nos équipes s’appliquent à vivre chaque jour dans ses vignobles. Le Grand Prix Artémis Domaines de la restauration prolonge et conjugue le soutien actif que nous avons toujours apporté au patrimoine de notre pays. »


GRAND PRIX ARTÉMIS DOMAINES
DE LA RESTAURATION
100 000 €

Le Grand Prix Artémis Domaines de la restauration a pour but d’encourager des propriétaires de monuments historiques, dynamiques et entreprenants, qui s’engagent dans une campagne de travaux de restauration dans le respect et le maintien des savoir-faire locaux.

♦ Consulter le règlement du prix ici.

Procédure de candidature

Le dossier de candidature complet doit être envoyé à avant le 15 mars 2023 à minuit. Pièces du dossier à fournir :
♦ Le questionnaire de candidature >> Modèle à télécharger ici.
♦ Une présentation photographique (PowerPoint) >> Modèle à télécharger ici.
♦ Une lettre de motivation (format libre)
♦ Les pièces justificatives (listées dans le questionnaire précité).

Envoi du dossier par We transfer à : communication@fondation-merimee.org

Entretien avec Isabelle Scart, propriétaire du château de Thol (Ain)

Isabelle et Arthur Scart © Jean-Marie Dufour.

En juillet 2019, Arthur et Isabelle Scart font l’acquisition du château de Thol, dans l’Ain, une forteresse médiévale en ruines depuis près de quatre cents ans. Dès le départ, le couple cherche à ouvrir le monument au public : « Il y a une émotion suscitée par la beauté du lieu et une joie de pouvoir se retrouver au pied des murailles en famille et entre amis. Nous avons acquis les vestiges de Thol avec une idée bien précise : les sauver et les faire rayonner », racontent-ils. Deux années plus tard, en 2021, le monument est retenu dans la sélection du Loto du patrimoine et reçoit une aide de 300 000 euros pour mener les travaux les plus urgents de sécurisation du site.

En 2022, Arthur et Isabelle projettent de créer autour du monument un chemin accessible aux personnes à mobilité réduite et d’installer des panneaux de médiation spécialement étudiés pour pouvoir être facilement lus et compris de tous. Ils sollicitent alors l’aide de la Fondation Mérimée, seule fondation en France à soutenir des projets de mise en accessibilité de monuments historiques aux personnes en situation de handicap, et obtiennent un soutien couvrant 60 % du coût des aménagements.

Quelques mois après l’obtention du prix, nous avons échangé avec Isabelle Scart sur leur parcours et leurs projets.

Les vestiges du château de Thol vus du ciel © Mission Bern.

Fondation Mérimée (F.M.) : Quelles sont les raisons qui vous ont poussés à faire l’acquisition du château de Thol ?

Isabelle Scart (I. S.) : À cette question, mon mari répondrait sans aucun doute : « Qui n’a jamais eu envie d’un château médiéval ? ». Pour lui, le fait de reprendre un monument et de le restaurer était une évidence. En ce qui concerne le choix de Thol, l’histoire est amusante. En 2012, Arthur avait vu que le château était en vente mais ce n’était pas le bon moment pour nous. À l’époque, nos enfants étaient en bas âge, ce qui nous demandait déjà beaucoup d’énergie. Sept ans plus tard, en 2019, le destin a fait que le château était de nouveau en vente. Cette fois-ci, nous avons saisi notre chance !

Ce que nous cherchions, en devenant propriétaires de Thol, c’était agir pour l’intérêt général : assurer la transmission du château aux générations futures et, plus largement, s’investir pour la cause du patrimoine historique.

F.M. : Pouvez-vous nous raconter l’histoire de ce château ?

I.S. : À l’heure actuelle, nous connaissons encore peu de choses sur l’histoire de Thol. Le château aurait été construit entre le XIIIème et le XIVème siècle. Il est mentionné pour la première fois en 1330 mais il est possible que le logis seigneurial soit antérieur. Les quatre tours ont vraisemblablement été construites plus tard car certaines fenêtres datent du XVème siècle. Nous ignorons si le château a véritablement servi mais, ce qui est sûr, c’est qu’il a été rapidement laissé à l’abandon.

Détails © Château de Thol.

F.M. : Vous avez à cœur de rendre le château de Thol accessible à tous les publics. Pourquoi la question de l’accessibilité du monument vous importe tant ?

I.S. : Mon mari et moi croyons intimement en la dignité de l’être humain, quelles que soient ses capacités et ses caractéristiques. Nous tenions en premier lieu à rendre le château de Thol accessible aux personnes en situation de handicap moteur et mental, c’est-à-dire à faciliter tout autant l’accès physique qu’intellectuel du lieu. Notre ambition est de rendre les informations et l’histoire du château facilement compréhensibles.

Ma détermination sur la question de l’accessibilité est liée à mon histoire familiale. Ma mère, Chantal Nérot-Doumic, journaliste réputée en son temps, a terminé ses jours presque aveugle. À la fin de sa vie, nous lui faisions souvent la lecture. La prochaine étape sera donc de rendre le château accessible aux personnes malvoyantes avec de l’audio-description adaptée.

F.M. : La Fondation Mérimée vous a remis le Prix Accessibilité en 2022. Quel était votre projet ?

I.S. : Nous sommes très heureux d’avoir remporté le Prix Accessibilité en 2022 car cette dotation nous permet de concrétiser deux projets qui nous tenaient beaucoup à cœur ! Nous avons tout d’abord lancé la production de six panneaux d’intermédiation rédigés en FALC. Le « facile à lire et à comprendre » est une technique d’écriture qui permet de rendre l’information plus simple et plus claire, notamment à destination des personnes en situation de handicap, dyslexiques, âgées ou encore maîtrisant mal la langue française. Il faut pour cela respecter un certain nombre de règles, comme l’utilisation d’une police spécifique, la disposition précise des images et le bannissement des synonymes. Le rédactionnel et le visuel de nos panneaux ont été certifiés FALC après avoir été soumis à des publics directement concernés.

Nous avons également créé un chemin adapté tout autour du château. C’est un projet qui ne nécessitait pas de travaux conséquents puisqu’il s’agissait de niveler le terrain et de poser un revêtement au sol choisi spécifiquement pour permettre aisément le passage des roues, aussi bien celles des fauteuils, que des poussettes ou des déambulateurs. Ce revêtement en polyéthylène se présente sous forme de rouleaux, de vingt mètres sur deux mètres, et nous avons pu l’installer nous-mêmes.

F.M. : Quelles sont les prochaines grandes étapes à Thol ?

I.S. : Nous avons beaucoup de projets ! Les travaux de restauration du mur Est devraient prendre fin dans quelques semaines, ce qui nous permettra de lancer le prochain chantier sur la tour Nord. La tour va être dévégétalisée et consolidée, puis la toiture sera reprise. Enfin, nous remettrons en place les planchers car l’objectif est de pouvoir ouvrir la tour au public aussi vite que possible. Nous voulons offrir une véritable expérience à nos visiteurs qui pourront, par exemple, cuisiner sur place ou manipuler des objets pour se familiariser avec la vie au Moyen Âge. Ensuite, il faudra restaurer la tour Sud. Nous avons, pour celle-ci aussi, un projet d’ouverture au public mais qui est encore au stade de la réflexion.


La tour Nord du château de Thol © Château de Thol.

Trois lauréats pour le Prix Fondation Mérimée – Belle Main en 2022

Bertrand de Belloy
© Jean-Marie Dufour

La Fondation Mérimée, grâce au mécénat de la Fondation Belle Main, a créé l’année dernière un nouveau prix pour contribuer à la conservation d’objets mobiliers anciens conservés dans un monument historique. Le souhait de Bertrand de Belloy, président-fondateur de la Fondation Belle Main, est de favoriser la transmission des savoir-faire en soutenant prioritairement les restaurations qui s’accompagnent d’une formation d’apprentis par les artisans-restaurateurs.

Le Prix Fondation Mérimée – Belle Main vise à soutenir des projets de restauration d’objets mobiliers (privés ou publics) qui sont soit protégés au titre des monuments historiques, soit qui présentent un intérêt historique et/ou scientifique certain et qui forment un ensemble cohérent avec le monument historique au sein duquel ils sont conservés.

Pour la première édition du prix, en 2022, trois soutiens ont été accordés pour un montant total de 15 000 euros. Nous vous invitons aujourd’hui à découvrir les projets lauréats.

Un antependium en cuir gaufré et peint

Un antependium est un élément décoratif qui orne le devant d’un autel. En Indre-et-Loire, la chapelle du château de Gizeux, probablement édifiée à la fin du XVIème siècle, conserve un très bel exemple d’antependium en cuir gaufré et peint, réalisé dans la seconde moitié du XVIIème siècle. À l’origine, le cuir était intégralement recouvert de feuilles d’argent et d’un vernis doré, mettant en valeur les légers reliefs du cuir. La restauration de cet antependium s’inscrit dans un programme de réhabilitation plus global qui concerne le bâti de la chapelle (le clos-couvert), ses décors (les enduits peints) ainsi que son mobilier.

Antependium de la chapelle du château de Gizeux © Château de Gizeux.

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Un ensemble de ferronneries datant du XVIIIème siècle

Les ferronneries du balcon et de la grille de la cour d’honneur du château de Choisey ont été réalisées en 1780 par l’artisan ferronnier Pierre-Ignace Cassard, et le peintre-doreur Bugnot, tous deux établis à Dole, dans le Jura. Cet ensemble de grande qualité, demeuré complet depuis sa réalisation et bien documenté, a fait l’objet d’une protection au titre des monuments historiques en 1993 (classement du balcon et inscription de la grille). Une restauration complète de ces deux éléments est aujourd’hui nécessaire : le balcon, dont la guirlande de fleurs présente quelques manques, sera démonté et restauré en atelier à Dole ; la grille, à l’exception de son couronnement, sera quant à elle restaurée sur place.

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Un paravent chinois à décor de plumes et de broderies

Ce paravent à cinq feuilles, réalisé au XIXème siècle, a été ramené d’Asie par l’impératrice Eugénie pour le château de Fontainebleau (Seine-et-Marne), où il se trouve toujours aujourd’hui. Le nom de l’artiste ayant réalisé le paravent et sa provenance exacte restent à ce jour inconnus. Le paravent est composé de couches de papiers assemblées sur un claustra de bois et doté d’un encadrement de bois laqué à décor incisé et doré. Sur les feuilles du paravent, recouvertes de soie dorée, sont représentés des arbres, des fleurs, des oiseaux et des insectes. Ce décor a été réalisé grâce à différentes techniques : sur l’une des faces, le motif est peint et de véritables plumes de martin-pêcheur et des morceaux de pâte de verre ont été collés ; le décor de la seconde face, quant à lui, a été réalisé en broderie.

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L’appel à candidatures pour l’édition 2023 du Prix Fondation Mérimée – Belle Main est ouvert jusqu’au 15 mars 2023.

Pour déposer un dossier de candidature, rendez-vous ici.

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Prix 2023 : premier appel à candidature ouvert

La Fondation Mérimée est heureuse de lancer aujourd’hui la quinzième édition de ses prix et bourses d’études. La première session de candidature comprend les quatre prix suivants :


Grand Prix Artémis Domaines de la restauration – 100 000 €
Prix pour les monuments historiques vivants – 60 000 €
Prix François Sommer – 30 000 €
Prix Fondation Mérimée – Belle Main – 15 000 €
Prix Accessibilité – 5 000 €

→ Les propriétaires-gestionnaires de monuments et jardins historiques, privés et publics, ont jusqu’au 15 mars 2023 pour se porter candidat à ces prix.

Les candidatures doivent être envoyées par WeTransfer à : communication@fondation-merimee.org

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GRAND PRIX
ARTÉMIS DOMAINES
DE LA RESTAURATION
100 000 €

Le Grand Prix Artémis Domaines de la restauration a pour but d’encourager des propriétaires de monuments historiques, dynamiques et entreprenants, qui s’engagent dans une campagne de travaux de restauration dans le respect et le maintien des savoir-faire locaux.

Consulter le règlement du prix ici.

Procédure de candidature

Le dossier de candidature complet doit être envoyé avant le 15 mars 2023 à minuit. Pièces du dossier à fournir :
♦ Le questionnaire de candidature >> Modèle à télécharger ici.
♦ Une présentation photographique (PowerPoint) >> Modèle à télécharger ici.
♦ Une lettre de motivation (format libre)
♦ Les pièces justificatives (listées dans le questionnaire précité).

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PRIX POUR LES MONUMENTS HISTORIQUES VIVANTS
60 000 €

En partenariat avec la Demeure Historique, le Prix pour les monuments historiques vivants encourage un ou plusieurs projets de restauration ou de mise en accessibilité au sein d’un monument historique privé ouvert au public. Seuls les propriétaires privés ayant déjà signé au 31 décembre 2022 une convention de mécénat affecté avec la Demeure Historique sont éligibles.

Consulter le règlement du prix ici.

La dotation du prix est issue de fonds reversés à la Demeure Historique en application des règles du mécénat affecté.

Procédure de candidature

Le dossier de candidature complet doit être envoyé avant le 15 mars 2023 à minuit. Pièces du dossier à fournir :
♦ Le questionnaire de candidature >> Modèle à télécharger ici.
♦ Une présentation photographique (PowerPoint) >> Modèle à télécharger ici.
♦ Une lettre de motivation (format libre)
♦ Les pièces justificatives (listées dans le questionnaire précité).

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PRIX FRANÇOIS SOMMER
30 000 €

Avec le soutien de la Fondation François Sommer

Le Prix François Sommer est un soutien financier accordé à un propriétaire de monument historique, public ou privé, classé ou inscrit, pour des travaux de restauration en lien avec la chasse et la nature. Il peut concerner des décors (peinture murale, bas-reliefs, vitraux, etc.) ou un édifice (pigeonnier, écurie, vivier, chenil, etc.).

Consulter le règlement du prix ici.

Procédure de candidature

Le dossier de candidature complet doit être envoyé avant le 15 mars 2023 à minuit. Pièces du dossier à fournir :
♦ Le questionnaire de candidature >> Modèle à télécharger ici.
♦ Une présentation photographique (PowerPoint) >> Modèle à télécharger ici.
♦ Une lettre de motivation (format libre)
♦ Les pièces justificatives (listées dans le questionnaire précité).

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PRIX FONDATION MÉRIMÉE – BELLE MAIN
15 000 €

Avec le soutien de la Fondation Belle Main

Le Prix Fondation Mérimée – Belle Main a pour objet d’encourager un projet de restauration de qualité sur un objet mobilier qui est protégé au titre des monuments historiques ou qui présente un intérêt historique et/ou scientifique certain et forme un ensemble cohérent avec le monument historique, privé ou public, au sein duquel il est conservé.

Consulter le règlement du prix ici.

Procédure de candidature

Le dossier de candidature complet doit être envoyé avant le 15 mars 2023 à minuit. Pièces du dossier à fournir :
♦ Le questionnaire de candidature >> Modèle à télécharger ici.
♦ Une présentation photographique (PowerPoint) >> Modèle à télécharger ici.
♦ Une lettre de motivation (format libre)
♦ Les pièces justificatives (listées dans le questionnaire précité).

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PRIX ACCESSIBILITÉ
à partir de 5 000 €

Le Prix Accessibilité a vocation à encourager des actions de mise en accessibilité destinées à favoriser l’accueil des personnes en situation de handicap – moteur, visuel, auditif ou intellectuel – au sein d’un monument historique (bâtiment, jardin ou parc), public ou privé.

Consulter le règlement du prix ici.

Procédure de candidature

Le dossier de candidature complet doit être envoyé avant le 15 mars 2023 à minuit. Pièces du dossier à fournir :
♦ Le questionnaire de candidature >> Modèle à télécharger ici.
♦ Une présentation photographique (PowerPoint) >> Modèle à télécharger ici.
♦ Une lettre de motivation (format libre)
♦ Les pièces justificatives (listées dans le questionnaire précité).

Calendrier 2023 des appels à candidatures

Première session de candidature
du 15 janvier au 15 mars 2023

  • Grand Prix Artémis Domaines de la restauration
  • Prix pour les monuments historiques vivants
  • Prix François Sommer
  • Prix Fondation Mérimée – Belle Main
  • Prix Accessibilité

Deuxième session de candidature
du 15 avril au 15 juin 2023

  • Grand Trophée Dassault Histoire et Patrimoine
  • Prix du Jeune Repreneur
  • Prix French Heritage Society
  • Prix Dendrotech

Troisième session de candidature
du 15 mai au 15 août 2023

  • Bourses d’études en métiers d’art de la restauration
  • Bourses d’études en recherche

Entretien avec Fiona Gaitan, restauratrice du patrimoine et boursière de la Fondation Mérimée

En 2021, la Fondation Mérimée et le Crédit Agricole d’Ile-de-France Mécénat ont accordé une bourse d’études de 4 000 € à Fiona Gaitan, alors étudiante en dernière année à l’Institut national du patrimoine (Inp). Pour son projet de fin d’études, Fiona s’est consacrée durant toute une année à la restauration d’un vase chinois issu des collections du musée Cernuschi. Un an après l’obtention de sa bourse, nous l’avons rencontrée.


Fiona Gaitan examine par radio les fissurations du couvercle du vase qu’elle a choisi de restaurer pour sa dernière année d’études © Anne-Claire Héraud / Fondation Mérimée

Fondation Mérimée (F.M.) : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a conduit vers le métier de restauratrice du patrimoine ?

F.G. : Mon goût pour l’histoire et la littérature m’a poussé vers une hypokhâgne et une khâgne après mon baccalauréat. À l’issue de ces deux années, j’ai été admise sur concours à l’École du Louvre. J’ai obtenu au bout de trois ans mon diplôme de premier cycle en histoire de l’art avec pour spécialité les arts décoratifs. Pendant mes études, j’ai ressenti assez tôt le besoin d’une plus grande proximité avec les œuvres. J’ai décidé par la suite de m’inscrire à une formation en bijouterie-joaillerie, un CAP que j’ai suivi en alternance, afin d’acquérir un savoir-faire manuel dans le domaine du métal. Cette formation m’a permis de réussir le concours d’entrée à l’Institut national du patrimoine en 2017.   

F.M. : La Fondation Mérimée, avec le soutien du Crédit Agricole d’Ile-de-France, vous a attribué une bourse pour mener à bien votre projet de fin d’études. En quoi consiste-t-il ?

F.G. :  À l’Institut national du patrimoine, la dernière année est entièrement dédiée à un travail de recherche et de restauration sur une œuvre. J’ai choisi d’étudier un vase chinois en alliage de cuivre et de plomb datant du XVIIème-XVIIIème siècle. Le décor du vase s’inspire de bronzes chinois antiques avec des motifs célestes et deux empreintes de main dorées. Le vase fait partie d’un ensemble d’objets rapportés d’Asie par Henri Cernuschi en 1872. Il est aujourd’hui conservé au musée Cernuschi, à Paris.

Lorsque j’ai vu le vase pour la première fois, il présentait un important réseau de fissurations. Il avait pourtant été restauré à plusieurs reprises mais les précédents comblements, devenus anciens, commençaient à s’altérer et menaçaient la stabilité structurelle de l’œuvre. Tout l’enjeu de cette restauration était de remplacer les comblements défectueux et de veiller à ce que le nouveau collage soit résistant, réversible et esthétique.

Vase chinois du XVIIème ou XVIIIème siècle, avant et après restauration © Fiona Gaitan

F.M. : Comment avez-vous procédé à la restauration de ce vase ?

F.G. : Initialement, j’avais prévu d’éliminer entièrement les anciens comblements et de les remplacer par un nouvel adhésif. Cependant, pendant l’étape de retrait, j’ai constaté que certains comblements étaient encore efficaces. Pour éviter d’avoir recours à des traitements trop invasifs et d’endommager le métal, j’ai finalement choisi de ne supprimer que ceux qui étaient fragilisés. Là où le vase présentait des lacunes, des pièces de comblement ont été fabriquées sur mesure pour permettre de restituer la totalité du décor et d’apporter une plus grande lisibilité à l’œuvre.

Pour rendre l’œuvre plus homogène, j’ai terminé par une réintégration colorée des zones qui longent les fissures puis j’ai appliqué une couche de protection en cire sur la totalité de la surface du vase. La restauration a permis de mettre au second plan le réseau de fissures et le collage. Le vase a maintenant retrouvé son intégrité physique.

Fiona Gaitan à l’ouvrage © Anne-Claire Héraud / Fondation Mérimée

 F.M. : Que vous a apporté la bourse d’études de la Fondation Mérimée et du Crédit Agricole d’Ile-de-France Mécénat ?

F.G. : Cette bourse m’a permis de vivre beaucoup plus sereinement ma dernière année d’études. J’ai pu me consacrer pleinement à mon travail de restauration et de recherche, sans avoir à travailler à côté pour assumer mes frais de vie courants. Maintenant que j’ai soutenu mon mémoire et que je suis officiellement diplômée, une partie de la bourse va me servir à acheter du matériel pour pouvoir commencer à exercer en tant que restauratrice.

F.M. : Quels sont vos futurs projets professionnels ?

F.G. : Je vais débuter mon activité en tant qu’auto-entrepreneure, soit répondre à des marchés publics pour travailler sur les collections des musées de France, soit travailler pour des clients privés. Dans un premier temps, je pense partager un atelier avec une collègue de promotion, ce qui permet de mutualiser l’espace, le matériel et aussi de partager nos expériences. Plus tard, lorsque mon activité sera plus développée, j’aimerais monter mon entreprise individuelle.

Les deux faces du vase restauré par Fiona Gaitan © Fiona Gaitan

L’Hôtel de Rouvière, premier lauréat du Grand Prix Henriot de la restauration

Geoffrey Malaval, 33 ans, est le premier lauréat du Grand Prix Henriot de la restauration. Depuis mars 2020, il est propriétaire de l’ancien Hôtel de Rouvière, à Marvejols (Lozère). Acheté à l’état d’abandon, le monument va connaître, grâce à lui, une seconde vie.

Sondage réalisé sur le décor polychrome du premier étage, datant du XVIIème siècle
© Fondation du ¨Patrimoine – My Photo Agency – Christian Bousquet

Fondation Mérimée (F.M.) : Quelles sont les raisons qui vous ont conduit à reprendre l’Hôtel de Rouvière ?

Geoffrey Malaval (G. M.) : Je suis originaire de Marvejols où j’ai ma famille et mes attaches. L’Hôtel de Rouvière se situe en plein cœur du centre-ville et, aussi loin que je me souvienne, je l’ai toujours connu. La façade du monument suscite l’admiration de tous les marvejolais mais très peu d’entre eux ont connaissance du trésor qu’il renferme : les plafonds et les boiseries des trois niveaux de l’hôtel sont décorés d’incroyables décors polychromes du XVIIème siècle. Le monument ayant été exceptionnellement bien préservé, la distribution intérieure est restée inchangée depuis près de quatre siècles, articulée autour d’un escalier rampe sur rampe majestueux. L’édifice conserve également ses menuiseries d’origine qui constituent un rare exemple d’ensemble menuisé datant du XVIIème siècle.

Quand j’ai commencé à m’intéresser à l’Hôtel de Rouvière, il était fermé depuis près d’un demi-siècle. La commune de Marvejols, qui en était alors propriétaire, n’avait pas de projet défini pour mettre en valeur l’édifice. J’ai proposé de le racheter et obtenu en mars 2020 une réponse positive. Ma motivation était avant tout de sauver ce patrimoine qui était plongé dans l’oubli et surtout qui se trouvait alors en état de péril.

Façades de l’hôtel de Rouvière depuis la rue et depuis la cour intérieure
© Fondation du ¨Patrimoine – My Photo Agency – Christian Bousquet

F.M. : Vous avez fait l’acquisition de l’Hôtel de Rouvière avec la volonté de l’ouvrir au public mais la vocation culturelle du lieu est apparue plus tard. Pouvez-vous revenir sur la genèse du projet ?

G. M. : Ce projet à composante culturelle s’est effectivement dessiné quelques mois après l’achat. Il est le fruit de mes réflexions avec les services de la Drac Occitanie (Direction régionale des affaires culturelles), notamment avec Laurent Barrenechea, conservateur régional des monuments historiques, et Pierre-Jean Trabon, architecte en Chef des Monuments Historiques. L’enjeu était de trouver une activité économique qui puisse assurer des revenus indispensables à l’entretien de l’Hôtel de Rouvière mais qui soit aussi respectueuse du lieu.

C’est ainsi qu’est apparue l’idée d’aménager des ateliers pouvant être loués à des artistes de la région et de créer des espaces d’exposition et de réception. L’édifice pourra ainsi accueillir toutes sortes de manifestations culturelles, salons éphémères, expositions d’art… Bien entendu, il sera aussi possible de visiter le monument. Le parcours de visite permettra au public d’admirer les décors peints de l’hôtel, notamment celui de l’oratoire au troisième étage, d’emprunter l’escalier central en pierre et même de déambuler dans la cour.

En plus de la visée culturelle, ce projet aura un impact économique réel puisqu’il permet de développer une activité peu présente dans la région et d’apporter une dynamique positive dans une zone rurale.

Vues de l’escalier et des menuiseries de l’hôtel
© Fondation du ¨Patrimoine – My Photo Agency – Christian Bousquet

F.M. : Quelles sont pour vous les prochaines grandes étapes ?

G. M. : Grâce au prix, les travaux d’urgence et de restauration du plafond peint à voussures représentant les cinq sens pourront commencer dès ces prochains mois. Une autre partie des boiseries et plafonds peints a déjà pu être démontée pour être mise à l’abri et permettre sa restauration en atelier. D’autres décors restés en place, eux, ont été bâchés pour les protéger contre l’humidité.

Lorsque les interventions d’urgence seront achevées, la première phase de travaux, qui comprend la restauration des façades et des menuiseries extérieures, pourra être lancée. Suivront ensuite la restauration de l’escalier et de chacune des pièces qui présentent des décors peints et, enfin, les travaux d’aménagement intérieur. Concernant l’échéancier, il a été estimé que les travaux puissent se terminer fin 2025.

Plafond peint du cabinet situé au troisième étage de l’hôtel
© Fondation du ¨Patrimoine – My Photo Agency – Christian Bousquet

F.M. : Quand prévoyez-vous d’accueillir vos premiers visiteurs ?

G. M. : L’Hôtel de Rouvière a déjà pu être visité de manière exclusive à l’occasion des Journées européennes du patrimoine qui se sont déroulées les 17 et 18 septembre 2022. Les visiteurs ont ainsi eu le privilège d’admirer l’hôtel « dans son jus » avant que la restauration ne commence. C’était pour moi une immense joie de pouvoir accueillir du public pour la première fois dans le monument. Je vise maintenant une ouverture au public fin 2023, dès que les travaux d’urgence seront achevés. C’est un véritable challenge !

Le 20 septembre, une visite de l’Hôtel de Rouvière a eu lieu en présence de Gilles de Larouzière, président directeur général de Maisons & Domaines Henriot, de Jean de Lambertye et de Robert de Metz, respectivement vice-président et secrétaire de la Fondation Mérimée © Jean-Louis Valentin
Gilles de Larouzière, président directeur général de Maisons & Domaines Henriot, mécène du Grand Prix Henriot de la restauration, et Geoffrey Malaval, propriétaire de l’Hôtel de Rouvière © Jean-Louis Valentin

Nouveau prix : le Grand Prix Henriot de la restauration

L’entreprise familiale Maisons & Domaines Henriot, devenue cette année le premier mécène institutionnel de la Fondation Mérimée, a aussi souhaité créer avec elle un nouveau prix : le Grand Prix Henriot de la restauration. Avec une dotation exceptionnelle de 100 000 euros, ce prix a pour but d’encourager les propriétaires de monuments historiques dans leurs projets de sauvegarde et de restauration, dans le respect des savoir-faire traditionnels et locaux.

Pour cette première édition, la Fondation Mérimée a reçu plus de cinquante dossiers de candidature. Le jury du Grand Prix Henriot de la restauration était présidé par Gilles de Larouzière, président directeur général du groupe Henriot, et composé de Robert de Metz, secrétaire de la Fondation Mérimée ; Frédéric Didier, architecte en chef des monuments historiques ; Henri de Lépinay, ingénieur et architecte et Charles Personnaz, directeur de l’Institut national du patrimoine.
Les deux monuments finalistes du prix étaient l’église Saint-Genest à Flavigny-sur-Ozerain (Côte-d’Or) et la forteresse de Berrye (Vienne).

>> Prochain appel à candidatures pour le Grand Prix Henriot de la restauration : janvier 2023.

Entretien avec Paul Vergonjeanne

En 2020, la Fondation Mérimée, avec le soutien de la Compagnie des Architectes en Chef des Monuments Historiques, a attribué une bourse de 5 000 € à Paul Vergonjeanne, doctorant à l’École Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Malaquais et par ailleurs compagnon tailleur de pierre. Cette bourse de 5 000 euros permet d’apporter un soutien au doctorant pour faciliter son travail de recherche. Nous l’avons rencontré afin qu’il puisse nous partager ses dernières découvertes.

Fondation Mérimée (F.M.) : Après une formation de tailleur de pierre, vous avez décidé de vous consacrer à un projet de thèse ambitieux. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Paul Vergonjeanne (P.V.) : J’ai d’abord commencé par un DUT (diplôme universitaire de technologie) en génie civil pour les bâtiments et les travaux publics. Grâce à deux stages, j’ai découvert la charpenterie et la taille de pierre. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de me consacrer à la restauration de monuments historiques. J’ai alors suivi un CAP (certificat d’aptitude professionnelle) en taille de pierre avec l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France.

Après avoir œuvré à la restauration de la cathédrale Saint-André, à Bordeaux, et sur différents chantiers dans les vignobles bordelais, j’ai continué à me former dans le Finistère puis dans les Pouilles, en Italie. Par la suite, j’ai travaillé à Rodez, toujours en alternance chez les Compagnons, avant finalement de passer un an à Madrid pour suivre l’équivalent d’un master au sein de l’École technique supérieure d’architecture de Madrid. C’est suite à cette expérience que j’ai décidé de m’orienter vers un doctorat.

Je réalise aujourd’hui une thèse en collaboration avec le Laboratoire Géométrie Structure Architecture (GSA) de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais et avec l’École Supérieure d’Architecture de Madrid (ETSAM).

F.M. : Votre thèse porte sur un sujet très précis qui est l’utilisation de joints complexes dans l’architecture de l’époque médiévale. Pouvez-vous nous expliquer de quoi s’agit-il ?

P.V. : Un joint est la surface de contact entre les pierres qui forment un arc ou une voûte et a pour rôle d’assurer le soutien de l’ouvrage. La plupart du temps, cette surface est plane. On parle de joints complexes dès lors que la surface de contact n’est pas plane et que les pierres viennent s’emboîter entre elles pour assurer la jonction de la voûte. Il existe différents types de joint complexe, tels que les joints à tenon, les joints courbes…

Mon travail de recherche m’amène essentiellement en Picardie et dans le Nord-Est de la région parisienne, où j’ai identifié plusieurs monuments présentant des joints complexes. Je concentre mon étude sur le XIIème siècle car c’est une période de transition très intéressante entre l’architecture romane et gothique.

F.M. : Avez-vous des exemples de monuments à nous donner, français ou étrangers ?

P.V. : En France, nous pouvons citer, l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul à Villers-Saint-Paul, dans l’Oise, l’église Saint-Etienne de Beauvais, dans l’Oise également, ou encore le château de Septmont, dans l’Aisne. Nous retrouvons aussi des exemples de joints complexes à l’étranger et notamment au Moyen-Orient. L’édifice le plus ancien que l’on connaisse avec des joints complexes est la porte Bab el Nasr, au Caire, construite en 1087.  Plus tardif, au XIIIème siècle, on peut citer le caravansérail de Sultanhani, en Turquie.

F.M. : Pouvez-vous nous expliquer la problématique autour de ces joints complexes ?

P.V. : Le XIIème siècle est une période majeure pour l’architecture, marquée notamment par de grandes innovations liées aux techniques de construction. Ma thèse a pour objet de déterminer si l’utilisation de joints complexes répond à une contrainte mécanique ou s’il s’agit d’un choix purement esthétique.

Pour pouvoir y répondre, j’effectue de nombreux tests dans l’atelier des Compagnons du Devoir, à Champs-sur-Marne. Jusqu’à présent, mes expérimentations ont révélé que le recours aux joints complexes n’était pas lié à un rôle mécanique. Je m’attache également à comparer et à classifier les différentes typologies de joints complexes.

Test de poids sur des joints complexes © Paul Vergonjeanne

F.M. : Le sujet de vos recherches est aujourd’hui méconnu et peu documenté. La publication de votre thèse permettra-elle de mieux appréhender les monuments qui présentent des joints complexes et donc de faciliter leur restauration ?

P.V. :  Le recensement et l’étude des joints complexes permettront à l’avenir, je l’espère, une restauration plus réfléchie des monuments qui sont concernés par cette technique. Jusqu’à présent de nombreuses restaurations ont été menées sans prendre en compte l’intérêt patrimonial des joints complexes, or la rareté de ces ouvrages doit nous conduire à être très attentifs.

F.M. :  Quels bénéfices tirez-vous de l’attribution de notre bourse ?

P.V. : Ma thèse n’étant pas financée, j’enseigne en parallèle la taille de pierre. La bourse qui m’a été accordée m’a permis de me libérer du temps, ce qui a été très bénéfique pour avancer sur mes recherches. En principe, je dois soutenir ma thèse en 2024.

La bourse a également apporté de la visibilité à mon travail. En début d’année, après avoir découvert de nouveaux exemples de joints complexes dans l’Aisne, j’ai été admis en résidence à l’école d’architecture d’Austin au Texas. Grâce à cette expérience, j’ai eu l’opportunité d’écrire un article pour le journal Construction History Society (https://www.constructionhistory.co.uk).

F.M. :  Votre sujet de recherche, comme votre parcours, permet de bâtir des passerelles entre théorie et pratique. Après la soutenance de votre thèse, pensez-vous continuer la recherche ou opter pour la pratique ?

P.V. : Mon souhait est de conserver les deux aspects – théorie et pratique – car je pense que l’un ne fonctionne pas sans l’autre.  Après la thèse, j’aimerais mettre à disposition les compétences que j’aurais acquises pendant mes années de recherche pour réaliser des études et des diagnostics sur des monuments historiques qui doivent être restaurés. Je souhaite également continuer à enseigner car j’accorde une grande importance à la transmission.


Pour en savoir plus :

La restauration des écuries de la Ferté-Imbault

Dominant la rivière de la Sauldre et entouré de douves, le château de La Ferté-Imbault (Loir-et-Cher) est l’un des plus anciens châteaux de Sologne. En 2019, la Fondation Mérimée lui a attribué, grâce au mécénat de la Fondation François Sommer, un prix de 20 000 euros pour la restauration intérieure des écuries et de sa sellerie, permettant de redonner au bâtiment sa fonction d’accueil de cavaliers et de chevaux.

Le château de la Ferté-Imbault dans la brume
© Comité Régional du Tourisme Centre – Val de Loire.

En 980, Imbault le Tortu, gendre du comte de Blois, fait bâtir un donjon cerclé de douves en eau. La forteresse est reconstruite à la Renaissance et se voit dotée de nombreuses fenêtres et agrémentée, vers 1510, de vingt-quatre médaillons sculptés et historiés. Le château, fief de la famille d’Estampes pendant quatre cents ans, se voit pourvu au début du XVIIe siècle de deux monumentaux communs destinés à accueillir la garde des chevau-légers de Gaston de France, frère de Louis XIII, dont le Maréchal d’Estampes, marquis de La Ferté-Imbault, est le capitaine. Au XIXe siècle, les écuries et la sellerie sont remaniées puis ne seront plus modifiées. Le château, les douves et les communs sont inscrits au titre des monuments historiques depuis 1973.

Le bâtiment des écuries © Marguerite Natter.

Les « passeurs » de la Ferté-Imbault

En août 2017, Olivier Ojzerowicz et Geoffroy Medinger, à la recherche d’une propriété à reprendre, tombent sous le charme de ce château solognot en briques et de son écrin de verdure et d’eau, un grand parc clos de murs et un canal long de six cents mètres. « Nous avons depuis toujours une passion pour le patrimoine et l’histoire, et nous souhaitions reprendre un monument », confie Olivier. Geoffroy est tout autant animé par l’idée d’entreprendre la restauration d’un édifice ancien et de « laisser sa pâte dans les pierres ». Plusieurs parties des bâtiments ayant besoin d’être restaurées, l’arrivée des deux repreneurs est providentielle. « L’histoire du château de La Ferté-lmbault est millénaire, je nous vois comme des passeurs de son héritage », note Olivier.

La restauration des écuries et de la sellerie

En 2019, lorsqu’Olivier et Geoffroy présentent leur candidature pour le Prix François Sommer, les écuries et la sellerie sont inutilisables et dans un état de dégradation avancée. Entre autres, le sol pavé de l’écurie et le parquet à la Versailles de la sellerie doivent être repris, ainsi que les boiseries et certaines solives. Surtout, l’ensemble des équipements équins encore en place, à savoir les stalles de bois et de fer forgé ainsi que les râteliers, sont à restaurer intégralement.

Les travaux commencent au début de l’année 2020 et, pendant trois mois, différents corps de métier et artisans interviennent : le maçon procède à la dépose du plafond puis à la réfection totale des enduits des murs et du plafond ; le ferronnier reproduit à l’identique deux séparations de box et un panier à foin en prenant soin de traiter le métal afin de lui donner un aspect vieilli pour qu’il s’harmonise parfaitement avec les ferronneries d’origine ; le menuisier recrée à l’identique toutes les moulures et les séparations des stalles dont le bois est volontairement lessivé ; enfin, le peintre habille les murs d’un gris en partie basse surmonté d’une ligne de séparation framboise et d’un vert en partie haute, couleurs choisies par les propriétaires. Enfin, quelques meubles ont été réalisés sur mesure pour meubler le lieu.

Ce travail a été mis en valeur en 2020 lors des Journées européennes du patrimoine puisque les visiteurs ont pu admirer, dans les écuries, des chevaux mis à disposition pour l’occasion par un centre équestre voisin. « Accueillir des montures à La Ferté-Imbault s’inscrit dans la continuité de son passé », se réjouit Olivier.

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Le Prix François Sommer
Organisé par la Fondation Mérimée depuis 2015, le Prix François Sommer encourage la restauration de décors en lien avec la chasse et la nature (peinture murale, bas-reliefs, vitraux, etc.) ou la sauvegarde d’un édifice répondant à l’une de ses catégories (pigeonnier, écurie, vivier, etc.). Le prix dispose depuis 2020 d’une dotation annuelle de 30 000 euros financés par son mécène la Fondation François Sommer.

Pour déposer un dossier de candidature au Prix François Sommer 2022, rendez-vous ici.

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Trois questions à Olivier Ojzerowicz, propriétaire du château de La Ferté-Imbault

Fondation Mérimée (F.M.) : En août 2017, quand vous posez vos valises à La Ferté-Imbault, seule une partie du château est habitée et celui-ci est rarement ouvert au public. Quelle a été votre priorité ?

O. O. : Nous avions trois priorités : nous y sentir bien, pouvoir y accueillir famille et amis ; redonner vie au monument et au parc ; mettre en place des activités culturelles s’inscrivant dans l’histoire du château et permettant de le faire rayonner, ainsi que des activités commerciales pour supporter une partie des travaux de restauration. Dès 2018, nous avons ainsi accueilli des visiteurs pendant l’été et pour les Journées européennes du patrimoine. En revanche, la mise en place d’événements culturels et d’activités commerciales génératrices de revenus, notamment les locations d’espaces, a été mise de côté en raison de la crise sanitaire. Les travaux de restauration et d’aménagement de la salle de réception, située dans le commun qui fait face aux écuries, sont désormais terminés.

F.M. : En 2019, vous avez été lauréat du Prix François Sommer que remet chaque année la Fondation Mérimée. Que vous a-t-il apporté ?

Nous avons reçu le Prix François Sommer tout juste un an après avoir repris le monument et, au-delà de l’aide financière, nous avons vu ce prix comme un geste fort d’encouragement. La même année, nous avions également déposé un dossier de candidature au Prix du Jeune Repreneur (remis aussi par la Fondation Mérimée, ce prix encourage un jeune repreneur de monument historique dans son projet de valorisation économique, N.D.L.R.) et nous sommes fiers d’avoir pu faire partie des trois finalistes. Cette reconnaissance a certainement aidé à passer à travers certaines difficultés, comme l’effondrement d’une partie du mur des douves en novembre 2019 ou la chute d’un segment du mur d’enceinte en 2021. De temps en temps, il y a des catastrophes naturelles et des événements auxquels on ne s’attend pas. Pour autant, il n’a jamais été question de baisser les bras car nous prenons beaucoup de plaisir dans cette entreprise.

F.M. : Quels sont aujourd’hui les projets qui vous occupent ?

Nous avons de nombreux travaux prévus pour les prochaines années : la restauration du mur des douves et de deux échauguettes existantes, la réédification de deux autres échauguettes qui ont disparu, la réfection des toitures du château et des communs ainsi que la reprise en maçonnerie des façades du château. Nous avons pour cela signé en 2019 une convention de mécénat affecté avec la Demeure Historique qui nous permet de solliciter l’aide de mécènes français et même étrangers grâce au partenariat de la Demeure Historique avec la Fondation Roi Baudouin et son réseau de fondations à travers le monde. A plus long terme, nous avons particulièrement à cœur de créer un festival à La Ferté-Imbault car nous sommes, Geoffroy et moi-même, férus de musique classique et d’opéra. Nous avons notamment pour modèles les festivals d’opéra anglais qui se donnent dans des maisons de campagne (country house), comme le Glyndebourne Opera Festival, dont la tradition pour les spectateurs est de profiter des longs entractes pour pique-niquer dans le parc.

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Les animaux fantastiques de La Ferté-Imbault

Pour Olivier Ojzerowicz et Geoffroy Medinger, tous deux passionnés par les animaux et ayant à disposition un domaine de cinquante hectares, il était logique d’en accueillir à La Ferté-Imbault. Les propriétaires se sont donc attachés à repeupler le jardin et le parc en sélectionnant quelques spécimens rares et races inusuelles comme le chien Komondor, reconnaissable à ses longues mèches blanches ; le Nez Noir du Valais, un mouton blanc à la face noire ; le cygne noir d’Australie ; l’oie de Guinée et la Poule Soie originaire de Chine, toutes deux appréciées pour la beauté de leur plumage ; le paon blanc et le dindon royal. « Un jour, nous souhaiterions réinvestir les anciens bâtiments de ferme pour en faire une ferme pédagogique dédiée aux enfants. Nous trouvons très importante cette osmose entre le patrimoine, la nature et les animaux », confie Olivier.



 → Retrouvez l’article sur la restauration des écuries de la Ferté-Imbault en intégralité dans le n°222 de la revue de la Demeure Historique.