En 2013, la Fondation avait accordé une bourse d’études (4 000 euros) à Rémi Fromont pour son travail de recherche sur les charpentes de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Aujourd’hui architecte en chef des monuments historiques (ACMH), Rémi Fromont participe au chantier de reconstruction de la cathédrale, incendiée le 15 avril 2019. Il œuvre sur ces travaux aux côtés de Philippe Villeneuve, architecte en chef de la cathédrale depuis 2013.
Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir le portrait de ce jeune architecte engagé dans un chantier hors du commun.

©A.C-R.
Un parcours
Pour Rémi Fromont, c’est une rencontre avec un architecte en chef des monuments historiques qui est à l’origine de sa passion pour l’architecture : « la forte impression que m’a laissée cette discussion a allumé une flamme, déclenché un intérêt, une passion, qui ne m’ont jamais quitté », admet-il plusieurs années plus tard.
Après avoir obtenu son baccalauréat, il intègre l’École d’Architecture de Paris-Belleville, d’où il sort diplômé en 2003. Après avoir travaillé au sein de plusieurs agences d’architecture, il crée sa propre agence en 2008, Ta Zoa Trekhei, devenue aujourd’hui Covalence Architectes.
Plusieurs années plus tard, il obtient le diplôme spécialisation et approfondissement (DSA) Architecture et patrimoine de l’École de Chaillot (promotion 2012-2014).
Un travail de recherche
En 2013, lorsque Rémi Fromont candidate à notre bourse d’études Recherche, il est à mi-parcours de sa formation à l’École de Chaillot. Dans sa lettre de motivation, il nous confiait que c’est au cours d’une visite de la cathédrale Notre-Dame, organisée par ses professeurs [Benjamin Mouton, ACMH ; Pierre Bortolussi, ACMH et Frédéric Martorello, architecte du Patrimoine, NDLR] qu’il apprend avec surprise que « les splendides charpentes de la cathédrale restent mal connues : on ne connaît pas avec précision les assemblages, les marquages, les réparations, ni leur état sanitaire actuel ».
C’est là que Rémi Fromont fait part à M. Mouton, alors architecte en chef de Notre-Dame, de son souhait d’effectuer des relevés et des études complémentaires sur la cathédrale.Ce dernier manifeste alors un « très vif intérêt pour le projet, mais aussi pour la contribution à la connaissance et à la conservation de la cathédrale que celui-ci représente », rapporte le jeune architecte.
Une bourse d’études
Le projet de Rémi Fromont consistait précisément à réaliser un relevé exhaustif des charpentes de la nef et du chœur de la cathédrale afin de repérer les marques d’assemblages, les réparations, les déformations et les éventuelles pathologies des pièces de bois. Ce travail devait permettre in fine de dresser un bilan sanitaire de la forêt de la cathédrale.
Le défi était de taille, car l’ouvrage est impressionnant : 100 mètres de longueur, une portée de 13 mètres pour 10 mètres de haut, sans oublier l’inclinaison à 55° de la pente du toit. L’enjeu était aussi de fédérer un grand nombre de compétences éparses, tirées des études archéologiques, historiques et dendrochronologiques et d’y ajouter le savoir-faire des Compagnons, grâce à Marcel Leport, qui a notamment rédigé la partie historique de l’Encyclopédie des Métiers sur la Charpente. L’analyse spatiale et constructive de la charpente devait être réalisée par Rémi Fromont lui-même.
Après avoir été sélectionné sur dossier et auditionné par un jury d’experts, la Fondation pour les Monuments Historiques lui a attribué en 2013 une bourse d’études de 4 000 euros pour l’accompagner dans ce projet d’envergure.
Dans sa lettre de motivation, un paragraphe sonne aujourd’hui comme une prophétie : « l’obtention de cette bourse me permettrait (…) de mener à bien un projet de recherche portant sur une œuvre universelle. L’étude des charpentes de la cathédrale Notre-Dame de Paris présente un réel intérêt scientifique et patrimonial. Les fonds de cette bourse serviront donc bien plus que mon seul intérêt personnel. »
Il y a sept ans, Rémi Fromont ne croyait pas si bien dire. Un an tout juste après l’incendie qui a ravagé une partie de la charpente, de la couverture et des voûtes de Notre-Dame, force est de constater qu’il avait vu juste.
« L’obtention de cette bourse me permettrait (…) de mener à bien un projet de recherche portant sur une œuvre universelle. L’étude des charpentes de la cathédrale Notre-Dame de Paris présente un réel intérêt scientifique et patrimonial. Les fonds de cette bourse serviront donc bien plus que mon seul intérêt personnel. »
Rémi Fromont en 2013
Un chantier hors-norme
Suite à l’incendie accidentel de la cathédrale Notre-Dame, survenu le 15 avril 2019, l’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté, le 30 juillet de la même année, une loi créant un établissement public à caractère administratif, placé sous la tutelle du ministre de la culture, chargé d’assurer la conduite et la réalisation des études et des opérations de conservation et de restauration de la cathédrale. Rémi Fromont ayant achevé en 2014 son travail de recherche sur la charpente, il était tout naturel de faire appel à lui pour mener ce chantier.
Aujourd’hui, bras-droit de Philippe Villeneuve et désigné par ce dernier comme son « successeur », Rémi Fromont coordonne les travaux et l’équipe des sauveteurs de Notre-Dame. Les premiers mois qui ont suivi la catastrophe, l’enjeu a été de sécuriser et de consolider l’édifice afin de prévenir tout risque d’effondrement.
Dans le reportage Sauver Notre-Dame, diffusé le 14 avril sur la chaîne de télévision France 2, il nous est permis de pénétrer dans les coulisses de cet incroyable chantier. On y découvre de nombreux artisans travaillant sans relâche, souvent au péril de leur vie, pour consolider les arcs-boutants, dégager les voûtes, mettre à l’abri la statuaire… On y voit aussi Rémi Fromont se former auprès des cordistes pour pouvoir prendre de la hauteur et inspecter la forêt de plus près. L’architecte arrive aujourd’hui à identifier la majeure partie des morceaux de charpente qui ont pu être sauvés après l’incendie. « Je me restitue mentalement où c’était », reconnaît-il.
Avec les connaissances acquises grâce au travail de recherche entrepris par Rémi Fromont, il est aujourd’hui possible de restituer fidèlement la charpente de Notre-Dame. Dans le reportage, il confie avec humilité qu’il faut « transmettre tout ce qu’on a pu savoir, tout ce qu’on a pu voir, avant que, nous-mêmes, nous oublions ou bien que, nous-mêmes, nous disparaissions. L’idée, c’est de s’effacer ».
S’effacer devant l’œuvre à restaurer pour la transmettre aux générations suivantes, telle est la volonté de Rémi Fromont face à Notre-Dame.
Pour en savoir plus sur le chantier : www.notre-dame-de-paris.culture.gouv.fr/fr