L’Hôtel de Rouvière, premier lauréat du Grand Prix Henriot de la restauration

Geoffrey Malaval, 33 ans, est le premier lauréat du Grand Prix Henriot de la restauration. Depuis mars 2020, il est propriétaire de l’ancien Hôtel de Rouvière, à Marvejols (Lozère). Acheté à l’état d’abandon, le monument va connaître, grâce à lui, une seconde vie.

Sondage réalisé sur le décor polychrome du premier étage, datant du XVIIème siècle
© Fondation du ¨Patrimoine – My Photo Agency – Christian Bousquet

Fondation Mérimée (F.M.) : Quelles sont les raisons qui vous ont conduit à reprendre l’Hôtel de Rouvière ?

Geoffrey Malaval (G. M.) : Je suis originaire de Marvejols où j’ai ma famille et mes attaches. L’Hôtel de Rouvière se situe en plein cœur du centre-ville et, aussi loin que je me souvienne, je l’ai toujours connu. La façade du monument suscite l’admiration de tous les marvejolais mais très peu d’entre eux ont connaissance du trésor qu’il renferme : les plafonds et les boiseries des trois niveaux de l’hôtel sont décorés d’incroyables décors polychromes du XVIIème siècle. Le monument ayant été exceptionnellement bien préservé, la distribution intérieure est restée inchangée depuis près de quatre siècles, articulée autour d’un escalier rampe sur rampe majestueux. L’édifice conserve également ses menuiseries d’origine qui constituent un rare exemple d’ensemble menuisé datant du XVIIème siècle.

Quand j’ai commencé à m’intéresser à l’Hôtel de Rouvière, il était fermé depuis près d’un demi-siècle. La commune de Marvejols, qui en était alors propriétaire, n’avait pas de projet défini pour mettre en valeur l’édifice. J’ai proposé de le racheter et obtenu en mars 2020 une réponse positive. Ma motivation était avant tout de sauver ce patrimoine qui était plongé dans l’oubli et surtout qui se trouvait alors en état de péril.

Façades de l’hôtel de Rouvière depuis la rue et depuis la cour intérieure
© Fondation du ¨Patrimoine – My Photo Agency – Christian Bousquet

F.M. : Vous avez fait l’acquisition de l’Hôtel de Rouvière avec la volonté de l’ouvrir au public mais la vocation culturelle du lieu est apparue plus tard. Pouvez-vous revenir sur la genèse du projet ?

G. M. : Ce projet à composante culturelle s’est effectivement dessiné quelques mois après l’achat. Il est le fruit de mes réflexions avec les services de la Drac Occitanie (Direction régionale des affaires culturelles), notamment avec Laurent Barrenechea, conservateur régional des monuments historiques, et Pierre-Jean Trabon, architecte en Chef des Monuments Historiques. L’enjeu était de trouver une activité économique qui puisse assurer des revenus indispensables à l’entretien de l’Hôtel de Rouvière mais qui soit aussi respectueuse du lieu.

C’est ainsi qu’est apparue l’idée d’aménager des ateliers pouvant être loués à des artistes de la région et de créer des espaces d’exposition et de réception. L’édifice pourra ainsi accueillir toutes sortes de manifestations culturelles, salons éphémères, expositions d’art… Bien entendu, il sera aussi possible de visiter le monument. Le parcours de visite permettra au public d’admirer les décors peints de l’hôtel, notamment celui de l’oratoire au troisième étage, d’emprunter l’escalier central en pierre et même de déambuler dans la cour.

En plus de la visée culturelle, ce projet aura un impact économique réel puisqu’il permet de développer une activité peu présente dans la région et d’apporter une dynamique positive dans une zone rurale.

Vues de l’escalier et des menuiseries de l’hôtel
© Fondation du ¨Patrimoine – My Photo Agency – Christian Bousquet

F.M. : Quelles sont pour vous les prochaines grandes étapes ?

G. M. : Grâce au prix, les travaux d’urgence et de restauration du plafond peint à voussures représentant les cinq sens pourront commencer dès ces prochains mois. Une autre partie des boiseries et plafonds peints a déjà pu être démontée pour être mise à l’abri et permettre sa restauration en atelier. D’autres décors restés en place, eux, ont été bâchés pour les protéger contre l’humidité.

Lorsque les interventions d’urgence seront achevées, la première phase de travaux, qui comprend la restauration des façades et des menuiseries extérieures, pourra être lancée. Suivront ensuite la restauration de l’escalier et de chacune des pièces qui présentent des décors peints et, enfin, les travaux d’aménagement intérieur. Concernant l’échéancier, il a été estimé que les travaux puissent se terminer fin 2025.

Plafond peint du cabinet situé au troisième étage de l’hôtel
© Fondation du ¨Patrimoine – My Photo Agency – Christian Bousquet

F.M. : Quand prévoyez-vous d’accueillir vos premiers visiteurs ?

G. M. : L’Hôtel de Rouvière a déjà pu être visité de manière exclusive à l’occasion des Journées européennes du patrimoine qui se sont déroulées les 17 et 18 septembre 2022. Les visiteurs ont ainsi eu le privilège d’admirer l’hôtel « dans son jus » avant que la restauration ne commence. C’était pour moi une immense joie de pouvoir accueillir du public pour la première fois dans le monument. Je vise maintenant une ouverture au public fin 2023, dès que les travaux d’urgence seront achevés. C’est un véritable challenge !

Le 20 septembre, une visite de l’Hôtel de Rouvière a eu lieu en présence de Gilles de Larouzière, président directeur général de Maisons & Domaines Henriot, de Jean de Lambertye et de Robert de Metz, respectivement vice-président et secrétaire de la Fondation Mérimée © Jean-Louis Valentin
Gilles de Larouzière, président directeur général de Maisons & Domaines Henriot, mécène du Grand Prix Henriot de la restauration, et Geoffrey Malaval, propriétaire de l’Hôtel de Rouvière © Jean-Louis Valentin

Nouveau prix : le Grand Prix Henriot de la restauration

L’entreprise familiale Maisons & Domaines Henriot, devenue cette année le premier mécène institutionnel de la Fondation Mérimée, a aussi souhaité créer avec elle un nouveau prix : le Grand Prix Henriot de la restauration. Avec une dotation exceptionnelle de 100 000 euros, ce prix a pour but d’encourager les propriétaires de monuments historiques dans leurs projets de sauvegarde et de restauration, dans le respect des savoir-faire traditionnels et locaux.

Pour cette première édition, la Fondation Mérimée a reçu plus de cinquante dossiers de candidature. Le jury du Grand Prix Henriot de la restauration était présidé par Gilles de Larouzière, président directeur général du groupe Henriot, et composé de Robert de Metz, secrétaire de la Fondation Mérimée ; Frédéric Didier, architecte en chef des monuments historiques ; Henri de Lépinay, ingénieur et architecte et Charles Personnaz, directeur de l’Institut national du patrimoine.
Les deux monuments finalistes du prix étaient l’église Saint-Genest à Flavigny-sur-Ozerain (Côte-d’Or) et la forteresse de Berrye (Vienne).

>> Prochain appel à candidatures pour le Grand Prix Henriot de la restauration : janvier 2023.