La restauration des écuries de la Ferté-Imbault

Dominant la rivière de la Sauldre et entouré de douves, le château de La Ferté-Imbault (Loir-et-Cher) est l’un des plus anciens châteaux de Sologne. En 2019, la Fondation Mérimée lui a attribué, grâce au mécénat de la Fondation François Sommer, un prix de 20 000 euros pour la restauration intérieure des écuries et de sa sellerie, permettant de redonner au bâtiment sa fonction d’accueil de cavaliers et de chevaux.

Le château de la Ferté-Imbault dans la brume
© Comité Régional du Tourisme Centre – Val de Loire.

En 980, Imbault le Tortu, gendre du comte de Blois, fait bâtir un donjon cerclé de douves en eau. La forteresse est reconstruite à la Renaissance et se voit dotée de nombreuses fenêtres et agrémentée, vers 1510, de vingt-quatre médaillons sculptés et historiés. Le château, fief de la famille d’Estampes pendant quatre cents ans, se voit pourvu au début du XVIIe siècle de deux monumentaux communs destinés à accueillir la garde des chevau-légers de Gaston de France, frère de Louis XIII, dont le Maréchal d’Estampes, marquis de La Ferté-Imbault, est le capitaine. Au XIXe siècle, les écuries et la sellerie sont remaniées puis ne seront plus modifiées. Le château, les douves et les communs sont inscrits au titre des monuments historiques depuis 1973.

Le bâtiment des écuries © Marguerite Natter.

Les « passeurs » de la Ferté-Imbault

En août 2017, Olivier Ojzerowicz et Geoffroy Medinger, à la recherche d’une propriété à reprendre, tombent sous le charme de ce château solognot en briques et de son écrin de verdure et d’eau, un grand parc clos de murs et un canal long de six cents mètres. « Nous avons depuis toujours une passion pour le patrimoine et l’histoire, et nous souhaitions reprendre un monument », confie Olivier. Geoffroy est tout autant animé par l’idée d’entreprendre la restauration d’un édifice ancien et de « laisser sa pâte dans les pierres ». Plusieurs parties des bâtiments ayant besoin d’être restaurées, l’arrivée des deux repreneurs est providentielle. « L’histoire du château de La Ferté-lmbault est millénaire, je nous vois comme des passeurs de son héritage », note Olivier.

La restauration des écuries et de la sellerie

En 2019, lorsqu’Olivier et Geoffroy présentent leur candidature pour le Prix François Sommer, les écuries et la sellerie sont inutilisables et dans un état de dégradation avancée. Entre autres, le sol pavé de l’écurie et le parquet à la Versailles de la sellerie doivent être repris, ainsi que les boiseries et certaines solives. Surtout, l’ensemble des équipements équins encore en place, à savoir les stalles de bois et de fer forgé ainsi que les râteliers, sont à restaurer intégralement.

Les travaux commencent au début de l’année 2020 et, pendant trois mois, différents corps de métier et artisans interviennent : le maçon procède à la dépose du plafond puis à la réfection totale des enduits des murs et du plafond ; le ferronnier reproduit à l’identique deux séparations de box et un panier à foin en prenant soin de traiter le métal afin de lui donner un aspect vieilli pour qu’il s’harmonise parfaitement avec les ferronneries d’origine ; le menuisier recrée à l’identique toutes les moulures et les séparations des stalles dont le bois est volontairement lessivé ; enfin, le peintre habille les murs d’un gris en partie basse surmonté d’une ligne de séparation framboise et d’un vert en partie haute, couleurs choisies par les propriétaires. Enfin, quelques meubles ont été réalisés sur mesure pour meubler le lieu.

Ce travail a été mis en valeur en 2020 lors des Journées européennes du patrimoine puisque les visiteurs ont pu admirer, dans les écuries, des chevaux mis à disposition pour l’occasion par un centre équestre voisin. « Accueillir des montures à La Ferté-Imbault s’inscrit dans la continuité de son passé », se réjouit Olivier.

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Le Prix François Sommer
Organisé par la Fondation Mérimée depuis 2015, le Prix François Sommer encourage la restauration de décors en lien avec la chasse et la nature (peinture murale, bas-reliefs, vitraux, etc.) ou la sauvegarde d’un édifice répondant à l’une de ses catégories (pigeonnier, écurie, vivier, etc.). Le prix dispose depuis 2020 d’une dotation annuelle de 30 000 euros financés par son mécène la Fondation François Sommer.

Pour déposer un dossier de candidature au Prix François Sommer 2022, rendez-vous ici.

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Trois questions à Olivier Ojzerowicz, propriétaire du château de La Ferté-Imbault

Fondation Mérimée (F.M.) : En août 2017, quand vous posez vos valises à La Ferté-Imbault, seule une partie du château est habitée et celui-ci est rarement ouvert au public. Quelle a été votre priorité ?

O. O. : Nous avions trois priorités : nous y sentir bien, pouvoir y accueillir famille et amis ; redonner vie au monument et au parc ; mettre en place des activités culturelles s’inscrivant dans l’histoire du château et permettant de le faire rayonner, ainsi que des activités commerciales pour supporter une partie des travaux de restauration. Dès 2018, nous avons ainsi accueilli des visiteurs pendant l’été et pour les Journées européennes du patrimoine. En revanche, la mise en place d’événements culturels et d’activités commerciales génératrices de revenus, notamment les locations d’espaces, a été mise de côté en raison de la crise sanitaire. Les travaux de restauration et d’aménagement de la salle de réception, située dans le commun qui fait face aux écuries, sont désormais terminés.

F.M. : En 2019, vous avez été lauréat du Prix François Sommer que remet chaque année la Fondation Mérimée. Que vous a-t-il apporté ?

Nous avons reçu le Prix François Sommer tout juste un an après avoir repris le monument et, au-delà de l’aide financière, nous avons vu ce prix comme un geste fort d’encouragement. La même année, nous avions également déposé un dossier de candidature au Prix du Jeune Repreneur (remis aussi par la Fondation Mérimée, ce prix encourage un jeune repreneur de monument historique dans son projet de valorisation économique, N.D.L.R.) et nous sommes fiers d’avoir pu faire partie des trois finalistes. Cette reconnaissance a certainement aidé à passer à travers certaines difficultés, comme l’effondrement d’une partie du mur des douves en novembre 2019 ou la chute d’un segment du mur d’enceinte en 2021. De temps en temps, il y a des catastrophes naturelles et des événements auxquels on ne s’attend pas. Pour autant, il n’a jamais été question de baisser les bras car nous prenons beaucoup de plaisir dans cette entreprise.

F.M. : Quels sont aujourd’hui les projets qui vous occupent ?

Nous avons de nombreux travaux prévus pour les prochaines années : la restauration du mur des douves et de deux échauguettes existantes, la réédification de deux autres échauguettes qui ont disparu, la réfection des toitures du château et des communs ainsi que la reprise en maçonnerie des façades du château. Nous avons pour cela signé en 2019 une convention de mécénat affecté avec la Demeure Historique qui nous permet de solliciter l’aide de mécènes français et même étrangers grâce au partenariat de la Demeure Historique avec la Fondation Roi Baudouin et son réseau de fondations à travers le monde. A plus long terme, nous avons particulièrement à cœur de créer un festival à La Ferté-Imbault car nous sommes, Geoffroy et moi-même, férus de musique classique et d’opéra. Nous avons notamment pour modèles les festivals d’opéra anglais qui se donnent dans des maisons de campagne (country house), comme le Glyndebourne Opera Festival, dont la tradition pour les spectateurs est de profiter des longs entractes pour pique-niquer dans le parc.

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Les animaux fantastiques de La Ferté-Imbault

Pour Olivier Ojzerowicz et Geoffroy Medinger, tous deux passionnés par les animaux et ayant à disposition un domaine de cinquante hectares, il était logique d’en accueillir à La Ferté-Imbault. Les propriétaires se sont donc attachés à repeupler le jardin et le parc en sélectionnant quelques spécimens rares et races inusuelles comme le chien Komondor, reconnaissable à ses longues mèches blanches ; le Nez Noir du Valais, un mouton blanc à la face noire ; le cygne noir d’Australie ; l’oie de Guinée et la Poule Soie originaire de Chine, toutes deux appréciées pour la beauté de leur plumage ; le paon blanc et le dindon royal. « Un jour, nous souhaiterions réinvestir les anciens bâtiments de ferme pour en faire une ferme pédagogique dédiée aux enfants. Nous trouvons très importante cette osmose entre le patrimoine, la nature et les animaux », confie Olivier.



 → Retrouvez l’article sur la restauration des écuries de la Ferté-Imbault en intégralité dans le n°222 de la revue de la Demeure Historique.