En 2021, la Fondation Mérimée a accordé une bourse d’études de 4 000 € à Fiona Gaitan, alors étudiante en dernière année à l’Institut national du patrimoine (Inp). Pour son projet de fin d’études, Fiona s’est consacrée une année entière à la restauration d’un vase chinois en bronze. Un an après l’obtention de sa bourse, nous l’avons rencontrée.
Fiona Gaitan (F. G.) : Mon goût pour l’histoire et la littérature m’a poussée vers une hypokhâgne et une khâgne après mon baccalauréat. À l’issue de ces deux années, j’ai été admise sur concours à l’École du Louvre. J’ai obtenu au bout de trois ans mon diplôme de premier cycle en histoire de l’art avec pour spécialité les arts décoratifs. Pendant mes études, j’ai ressenti assez tôt le besoin d’une plus grande proximité avec les œuvres. J’ai décidé par la suite de m’inscrire à une formation en bijouterie-joaillerie, un CAP que j’ai suivi en alternance, afin d’acquérir un savoir-faire manuel dans le domaine du métal. Cette formation m’a permis de réussir le concours d’entrée à l’Institut national du patrimoine, que j’ai intégré en 2017.
F.G. : À l’Institut national du patrimoine, la dernière année de formation est entièrement dédiée à un travail de recherche et de restauration sur une œuvre. J’ai choisi d’étudier un vase en alliage de cuivre et de plomb. Le vase, façonné en Chine au XVIIe ou XVIIIe siècle, s’inspire dans son décor de bronzes chinois antiques avec des motifs célestes dorés et des empreintes de mains. Ce vase fait partie de l’ensemble d’objets acquis par Henri Cernuschi lors de son voyage en Asie en 1871-1872 et est aujourd’hui conservé dans les réserves du musée Cernuschi à Paris.
Le réseau de fissurations qui le traverse a déjà fait l’objet de plusieurs restaurations par le passé. Toutefois, l’état altéré des anciens comblements menaçait la stabilité structurelle de l’objet et constituait une source de confusion pour l’observateur qui pouvait les interpréter comme un élément du décor.
Le protocole technico-scientifique que j’ai dû mettre en place dans le cadre de cette restauration a consisté à remplacer tous les comblements défectueux et à trouver un nouveau mode de collage des fissures qui soit à la fois résistant, réversible et esthétique.
F.G. : Initialement, il était prévu d’éliminer entièrement les anciennes restaurations afin de les remplacer par un nouvel adhésif. Cependant, pendant l’étape de retrait j’ai constaté que certains anciens comblements étaient encore efficaces et adhérents. Pour éviter d’avoir recours à des méthodes de retrait trop invasives et d’endommager le métal, je n’ai retiré que ceux qui étaient effrités. Pour restituer les lacunes au niveau du décor, j’ai fabriqué des pièces de comblement que j’ai collé à l’aide d’une résine compatible.
Après le nettoyage des anciens comblements, pour homogénéiser l’aspect de surface, j’ai effectué une réintégration colorée des zones qui longent les fissures. Pour finir, une couche de protection en cire a été appliquée sur la totalité de la surface. Le réseau de fissures et le collage passent désormais au second plan.
F.G. : Grâce à la bourse, je n’ai pas eu besoin de cumuler un emploi étudiant en parallèle de mes études et cela a été extrêmement bénéfique pour mon travail car cette dernière année de master est particulièrement riche et dense. La bourse m’a aussi permis de commencer à m’équiper dans la perspective du lancement de mon activité professionnelle, qui est prévu dans quelques mois.
F.G. : Une fois diplômée, en septembre, je serai amenée à répondre à des marchés publics pour travailler sur les collections des musées de France, mais aussi à travailler pour des clients privés. Je vais pour cela débuter en tant qu’autoentrepreneur, pour ensuite monter une entreprise individuelle lorsque mon activité sera plus développée. L’objectif à terme est d’avoir mon propre atelier, idéalement que je partagerais avec une collègue de promotion.
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