AccueilActualitésNos lauréatsEntretien avec Philippe Gelez, propriétaire du manoir des Mathurins et lauréat en 2024 du Prix Dendrotech - MDB Métiers du Bois 2024
Entretien avec Philippe Gelez,
propriétaire du manoir des Mathurins et
lauréat en 2024 du Prix Dendrotech -
MDB Métiers du Bois
Le manoir des Mathurins à Ouilly-le-Vicomte © Manoir des Mathurins.

Philippe Gelez est professeur à la Sorbonne Université. Passionné de charpente traditionnelle depuis plusieurs années, il décide en septembre 2022 de suivre une formation en charpenterie avec les Compagnons du tour de France. L’année suivante, sa passion grandissante le pousse avec son épouse à faire l’acquisition du manoir des Mathurins, au nord de Lisieux, dans le Calvados. Depuis deux ans, le couple est pleinement investi dans le projet de réhabilitation du manoir.

 
Quelques mois après l’obtention du Prix Dendrotech – MDB Métiers du Bois, qui a permis de financer une étude en dendrochronologie d’une valeur de 10 000 euros pour le monument, nous avons voulu échanger avec Philippe sur son parcours et ses projets.

Fondation Mérimée (F. M.) : Pouvez-vous vous présenter ? Quelles ont été les raisons qui vous ont poussé à acquérir le manoir des Mathurins ?

Philippe Gelez (P. G.) : J’ai 47 ans et je suis professeur de bosniaque-croate-monténégrin-serbe à la Sorbonne Université, spécialisé dans l’histoire des Balkans ottomans. Depuis plusieurs années, je suis passionné par la charpente traditionnelle et les édifices à pans de bois. En septembre 2022, j’ai décidé de suivre une formation de charpenterie avec les Compagnons du tour de France, à l’issue de laquelle j’ai obtenu un certificat d’aptitude professionnelle (C.A.P.).

En 2023, nous avons décidé avec mon épouse, Flore, de faire l’acquisition du manoir des Mathurins, au nord de Lisieux, dans le Calvados. Acheter un monument historique n’avait jusqu’alors jamais été un objectif mais la rencontre avec le manoir a été un déclencheur et une suite logique. Cet édifice magnifique, aujourd’hui en péril, est un formidable objet d’étude à la fois pour l’historien et pour le charpentier que je suis. Notre projet de restauration pour le monument me donne l’opportunité de continuer mon métier ainsi que de mobiliser mes nouvelles connaissances en charpenterie.

F. M. : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’histoire du manoir et de son usage ?

P. G. : Le manoir des Mathurins est aujourd’hui encore un édifice « hors radar » des données historiques. Je suis toujours à la recherche d’un document qui pourrait attester de sa construction et peut-être nous éclairer sur sa fonction originelle car celle-ci n’apparaît pas de manière évidente. Inscrit au titre des monuments historiques en 1928, c’est un édifice singulier, à pans de bois, comprenant une longue galerie ouverte à deux niveaux qui unit de part de d’autre deux pavillons d’habitation, portés sur un premier niveau en brique et pierre. L’appellation de manoir est moderne puisque l’édifice n’aurait jamais été un habitat seigneurial.

F. M. : Pourquoi avoir postulé au Prix Dendrotech – MDB Métiers du Bois ?

P. G. : Le Prix Dendrotech – MDB Métiers du Bois était intéressant dans notre cas car il pouvait permettre de constituer des données scientifiques sur le bâti et ainsi de commencer à rassembler une documentation archivistique sur la construction de l’édifice. L’étude en dendrochronologie (méthode de datation du bois) menée par l’équipe de Dendrotech a notamment permis : L’étude en dendrochronologie (méthode de datation du bois) menée par l’équipe de Dendrotech a notamment permis :

  • De dater précisément les différentes parties du manoir ;
  • D’identifier les éléments en bois qui sont en réemploi (provenant d’une construction antérieure) ;
  • D’établir un phasage des modifications architecturales.

F. M. : Sur quelles parties du manoir la dendrochronologie a-t-elle été réalisée et quels sont les résultats de cette étude ?

P. G. :

Les analyses en dendrochronologie ont concerné la galerie, le pavillon sud (y compris la cage d’escalier), la pièce noble du pavillon nord ainsi que la partie ancienne du pressoir. Le prix que nous avons reçu – d’une valeur de 10 000 euros – a donc permis de couvrir quasiment l’intégralité du manoir.

Les résultats de l’étude sont très intéressants. La datation acquise pour le pavillon nord est de 1577 et pour la galerie centrale de 1578. La plus grande victoire a été de remonter les origines du pressoir et de pouvoir attester de la présence à cet emplacement d’un ancien logis primitif daté, lui, de 1475.

F. M. : Des travaux de restauration vont-ils être entrepris au manoir des Mathurins ?

P. G. : Une restauration globale du manoir est prévue avec un phasage précis des travaux : elle débutera par la galerie, puis le pavillon nord, suivi du pavillon sud et, enfin, du pressoir. Le permis de construire sera déposé au printemps 2025 et les travaux devraient débuter en 2026. Des travaux d’entretien, parfois conséquents, ont déjà été réalisés ou vont l’être bientôt. En juillet dernier, une intervention d’urgence a été nécessaire sur la couverture du pressoir avec le remplacement des tuiles défectueuses par un bac acier provisoire. En septembre prochain, nous avons également programmé une semaine de travail avec l’association Charpentiers sans frontières, toujours sur le pressoir.

L’étude en dendrochronologie est assurément un appui précieux pour envisager ces futurs travaux. Nous remercions la société Dendrotech et MDB Métiers du Bois pour leur soutien.

F. M. : Quels sont vos projets pour le manoir des Mathurins ?

P. G. : Je souhaite avant tout poursuivre les recherches sur le pressoir. Il serait formidable de trouver un document attestant enfin de sa construction. Par la suite, une fois les travaux de restauration achevés, notre ambition est de faire du manoir un lieu de partage et de transmission. Parallèlement à l’ouverture à la visite, nous voulons que le monument devienne un lieu de formation aux techniques de charpenterie pré-industrielle et qu’il puisse aussi accueillir une entreprise spécialisée en charpente.

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